quinta-feira, 3 de setembro de 2009

Admiro intensamente Ingeborg Bachmann. Não sei explicar esta inclinação. Em português existe uma colectânea de contos, 30 anos, na Relógio d'água, e o romance Malina, nas Edições 70, mas penso que esgotado. Este romance é algo de muito singular, em que a admiração por Musil é notória, mas sem nunca perder a voz única e imensamente delicada e poética desta escritora, mais conhecida pela sua poesia. Aqui vão textos da sua adolescência.

Vellach, 16 mai 1945

Très cher,
Si maintenant j’avais une âme, je devais la chercher dans la nuit obscure, comme celle que j’aperçois par la fenêtre ce soir. Voici des jours que je n’ai parlé, que je suis privé des sens éveillés qui me portent vers toi, m’entraînent dans les monts et me précipitent dans les abysses. J’ai parfois l’impression que je t’aime.
Mais souvent un bras étrange est sur mon corps, qui essaie en tremblant de me caresser, une bouche que essaie de boire à moi.
Je le souffre et le désire. Je suis tout à la foi énigmatique et transparente.
Je suis aussi bonne que mauvaise.
Mais je voudrais être pour toi pareille à la plus belle fleur de cerisier, aux roses silencieuses au bord du lac ou aux nuées au-dessus de la forêt.
Je t’aime tant.
Un courant d’air glace passé par la fenêtre et me reveille. Peut-être suis-je presque prête à retirer le dernier voile-
Mês yeux se ferment.
Je viens à toi comme sur dês pieds blessés. Il en sera toujours ainsi: où que je me rende, je te vois et suis dans le royaume des plus amères béatitudes.

…..

6 juillet 1945

Chéri, chéri
Ce désir ardent, ces souspirs du moi oreiller! Je suis heureuse, infiniment heureuse, d’être si pleine de cette pensée. Peut-être viendras-tu, peut-être passeras-tu la porte pour disposer de moi. Je suis tellement prête à donner.
J’attends, non, je ne peux attendre plus longtemps…Je vais aller au-devant dês choses et agir. Une decision. Une première decision! Ne manque maintenant que le bonheur de la réalisation.
-Quelles prières Dieu doit entendre aujourd’hui! Et je nomme prière cette attente balbutiante.
-Tu souris.- Oh, si seulement tu pouvais. Je voudrais m’agenouiller devant toi, que la joie puísse me venir de ta chère bouche. Mes bras t’enveloppe-raient dans le plus pur amour de démesure. Mes baisers seraient des sources jaillissantes. La sérénité seule. – Même la fraîcheur, derrière ma fenêtre nocturne, me fait frissonner de chaleur. Cette vaillance est si divine, il est si exaltant de se sentir “maître”.
Je suis jeune et riche, je suis le monde.
O si seulement tu venais. Je serais plus riche encore de donner.
Tout, tout est tien.
Rien ne devrait rester mien, si seulement tu étais présent. La prodigalité est liberté. Et tu ne saurais en prendre ombrage.
Je t’aime et je t’embrasse, je suis enchantée, dans chaque pensée je suis dans tes bras.

Ingeborg Bachmann, Lettres à Felician, Actes Sud 2006

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